La conservation de semences

30 millions de graines ou semences, représentant près de 500 taxons ou espèces, sont conservées dans les locaux du CBNBl. Les trois-quarts d'entre-elles concernent des espèces végétales menacées.
L'objectif : garantir une préservation maximale de la biodiversité en anticipant la disparition d'espèces, et rendre possibles de futures ré-introductions de végétaux.

Quelques 1500 lots, des sachets contenant chacun des dizaines de graines, dorment dans les réfrigérateurs du CBNBl. Certains sont juste réfrigérés (à + 5°C), d'autres sont congelés (à - 20°C). D'autres semences encore sont lyophilisées, c'est à dire conservées en matière sèche, voire conservées en herbier.

La conservation in-situ

Elle consiste en l'observation et la gestion des espèces sur place, dans leur milieu naturel. Conserver une espèce in-situ, c'est également comprendre et conserver un lieu, un habitat.

La conservation in-situ repose sur une méthodologie spécifique :
-l'analyse et le diagnostic : cette plante est-elle menacée ? Quelle est sa population ? Quels sont les risques de sa disparition ? Le contexte naturel, son habitat, est-il propice à son maintien en milieu naturel ?
-la prise de décision quant à sa conservation en milieu naturel
-la définition des mesures conservatoires nécessaires, mesures définies avec le propriétaire ou gestionnaire foncier de l'espace naturel concerné
-la mise en oeuvre de ces mesures conservatoires
-le suivi de la mise en oeuvre de ces mesures et l'évaluation de leur impact sur la conservation de l'espèce

Les premiers échantillons ont été récoltés en 1991 : des graines de Cotonnière naine (Filago minima) ont été recueillies sur le littoral, à Wimereux, car l'espèce était alors menacée d'extinction.
Depuis, des semences ont également été récupérées à partir de tranches de carottages qui, après mise en germination, permettent de retrouver des graines dont l'âge remonte à 200 ans.

De la collecte à la conservation

Afin de garantir une efficacité optimale de ce processus de conservation (l'objectif est de disposer d'un stock de graines fertiles), des process rigoureux sont mis en œuvre :

-1. après collecte sur le terrain, le CBNBl reçoit un sachet contenant un échantillon de la plante, quelques graines, et surtout une fiche d'inventaire, qui informe sur le lieu et la date de récolte, et surtout sur la population repérée. Ces éléments permettent notamment de définir les "cryptopotentialités" de la graine, c'est à dire ses capacités à dormir et se réveiller en gardant ses propriétés de développement et de reproduction.

-2. un numéro de lot est attribué à cet échantillon; cette référence, unique, le suivra durant tout le processus et pendant ses années de stockage. Ce numéro de lot est ensuite saisi dans une base de données.

-3. après un éventuel premier tri manuel grossier, l'ensemble du sachet est passé au tamis : l'ensemble constitutif de l'échantillon est ainsi filtré selon un critère de volume : les graines, spores et autres éléments de petite taille sont isolés.

-4. s'entame ensuite une longue phase de pré-séchage puis de dessiccation intense, lente afin de ne pas traumatiser le matériel génétique : pendant 1 à plusieurs mois, les graines perdent progressivement leur humidité. Régulièrement, des prélèvements sont effectués sur ce matériel afin de tester leur germination en boites de pétris. Cela permet de vérifier que l'échantillon qui sera conservé a gardé ses propriétés de fertilité.

-5. une fois desséchées, les semences peuvent être réfrigérées ou congelées (conservation plus durable mais plus violente) : elles sont placées dans un sachet, sous-vide, étiquetées selon leur numéro de lot et classées par date de stockage.